De ses lèvres délicates et à la senteur d'amande s'élevait un chant langoureux, à l'attention d'un amant lointain qu'elle avait depuis longtemps perdu. De la main, elle caressait ses cheveux d'une finesse inégalée, d'un noir aile de corbeau parfait, et les faisait couler au dessus de son épaule droite, les laissaient retomber au milieu de sa poitrine opulente, mais pas disgracieuse, et achever leur chute au niveau de son nombril, dissimulé sous sa robe fendue, blanche au motif de fleur noire courant de sa jambe gauche à son épaule. La femme était étendue, presque couchée, sur un banc en plein coeur du village d'Askaär. Son regard, perdu dans la cime des monts, était réhaussé par son teint pâle, si pâle que l'on se demandait si cela venait d'un quelconque maquillage, ou si c'était son teint normal. Ses traits asiatiques pouvaient choquer, dans ce village du nord du Jeune Continent, et pourtant, elle ne détonnait pas, ici, mais semblait... amener avec elle son monde, son univers, tant et si bien que les arbres poussant ça et là semblaient des bonzais, les quelques tours des pagodes, la statue de Jonathan Gozen, celle d'un seigneur de guerre japonais, et les villageois, d'allure rustre et barbare, semblaient eux même touchés par la beauté de la femme.

Cependant, aucun n'osait l'approcher. Car, sous ces sourcils fins, au dessus de ses pommettes délicates et à la peau si douce, ses yeux rouges semblaient appartenir à un démon.

Pourtant, cela ne dérangeait aucunement la femme. Pas plus que ne sembla la déranger l'arrivée impromptue d'un guerrier en armure dans la ville. Au contraire, comme si elle s'y attendait, elle se leva, avec une grâce qui poussa les barbares à s'écarter, et marcha jusqu'à l'homme.

"Bonjour, Chevalier ? T'es tu perdu ? Mon nom est Dina, et tu te trouves dans le village d'Askaär... Ici sont nés les plus grands guerriers de ce monde, et ont péri, dans la sagesse et la félicité, autant de ce titans légendaires... Je suis une voyageuse, comme toi, et je t'attendais... La Lune m'a appelé à toi."

Bercé par la brise matinale, qui venait se poser sur mon visage caché par mon armure, mes pas étaient lourds, tel le sol caillouteux que je piétinais. Ma route m'avait amené à faire escale dans un village du jeune continent, bien différent de mes plaines à l'allure de magnifiques peintures. Cet endroit réputé pour possédé en son enceinte la mémoire des héros du passé, immortalisés dans la pierre, mais ces monticules minéral ne m’intéressaient que peu à vrai dire.

Mon regard se porta sur une personne bien particulière, une femme, que n'importe quel idiot l'aurait reconnue comme n'étant pas du pays. Elle possédait une telle prestance qu'elle dégageait comme une aura. Cette rose parmi cet amas de mauvaises herbes, elle se démarquait remarquablement de la foule. Je la fixais, me tenant fixe d'une manière détendue, le dos légèrement courbé par le poids du voyage. Elle pris parole de sa voix qui allait de concert avec la beauté de son corps, mais ce n'était pas ses yeux rouges, tel la couleur du sang, inspirant la mort mais aussi la passion, mais bien ses mots qui me dérangeait.

-Il est impoli de refuser de se présenter à une charmante dame, je me nomme donc Meigetsu... mais tu ne m'inspire que peu confiance crois moi. Il est bien imprudent de se présenter à un inconnu sous le prétexte du destin, tu à l'air d'en savoir plus que tu veux bien m'en dire.

Je serra de ma main droite mon fourreau, près à toute éventualité, j'étais alors téméraire car mes forces étaient réduites, épuisé par cette longue marche interminable qui me menait nulpart. Si cette femme disait vrai, elle serait donc un signe de la lune pour me guider dans ma quête... ou m'en dissuader. Je ressentais néanmoins une profonde douleur aux genoux, dans cet état je ne pouvais guère me battre plus qu'un nourrisson.

Je pris place sur un banc non loin, m'écrasant par le poids de mon armure, laissant la gravité m'allonger sur le bois chauffé par les rayons du soleil. Dans cet situation pathétique, je tourna avec effort ma tête, la dirigeant vers cette femme, plus je la regardait, plus je voyais en elle ma bien aimé, je me torturais l'esprit par ce fait mais, elle dégageait au final la même sensation de bonté.

Sans rien dire, la jeune femme laissa Meigetsu se coucher sur un banc, puis marcha doucement vers lui, suivie par une petite foule de guerriers faisant facilement trois tête de plus qu'elle. Sa démarche avait quelque chose d'hypnotique, et pourtant une certaine aura de danger se dégageait d'elle... peut être était ce d'ailleurs cela qui, plus que sa beauté, attirait les Guerriers d'Askaär... S'agenouillant a coté du banc de Meigetsu, elle le regarda quelques instants, ses yeux s'illuminant alors qu'elle contemplait l'Armure Lunaire de l'Homme. Elle semblait tranquille, et, ainsi positionnée, calme, sa présence avait même quelque chose de rassurant. Sans faire un geste de plus, elle ouvrit de nouveau la bouche, laissant un nouveau flot de mots s'échapper, avec une douceur et des nuances infinies.

[Désolé du retard et de la longueur du post, j'avais pas grand chose à dire]

Cette femme, qui emmenait une force que j'avais du mal a discerner, elle se prétendait être chef d'un culte en rapport avec l'astre protecteur. Un guerrier parfait... qui avait malgré lui tout perdu, son amour, son âme et sa raison d'être. Son histoire d'enfant de la lune me paraissait assez absurde, mais après que que savais je de la lune ? Elle guidait seulement mes pas sans jamais manifester une quelconque présence et maintenant, voila qu'une jeune femme s'adresse a moi à son nom ?

Mon corps était paisiblement nonchalant sur le banc qui commençait a refroidir, la chaleur humaine laissait place à la froideur de la brise. Voila une semaine que j'avais marché sans jamais m’arrêter, sans jamais dévier de ma route tracée par le destin... j'étais sous mon armure étincelante ternie par la poussière, la terre et le sang, un arbre souffrant sous sa douce écorce qui pourtant ne le protégeait pas du temps. Je tenta de soulever mon corps qui semblait si lourd, par un râle de douleur, je pu m'asseoir, essayant de me lever, mon corps fut tétaniser de douleur et je m'étala lamentablement sur le sol caillouteux.

-.... ghh, pe... peux tu me porter ? Je n'ai... plus la force de bouger... Il me faut... de quoi boire... de quoi résister

Je tourna péniblement la tête vers les statues qui décoraient la ville de leur prestance, elles semblaient représenter des héros, des personnes respectées de tous par leur valeur. Mais les héros sont de simples humains, ils finissent toujours par subir la même tragédie qu'est la mort, tout comme moi. C'était pourquoi je devais retrouver ma chère, qu'importe le prix, je n'ai pas de temps à perdre pour y parvenir...

-Dis... Dis moi. Qui sont ces héros... représentés sur ces statues ?

Se relevant doucement, la jeune femme laissa un sourire presque carnassier éclairer son visage en fendant la foule des guerriers s'étant attroupé, passant devant chaque statue, laissant glisser sa main sur chacune d'elle, alors que sa voix, qui semblait a chaque mot, chaque respiration, chaque pause, un peu plus ensorcelante, s'élevait dans l'air.



Revenant alors près du Guerrier allongé, une chope remplie d'eau semblant être apparue comme par magie dans sa main, retira son casque d'une main assurée, dévoilant un visage semblant agé mais aux yeux verts incroyablement puissant, comme si elle savait déjà exactement à quel endroit on devait le détacher, et le fit boire sans rien dire. Son visage seulement à quelques centimètres de celui du guerrier, elle se rapprocha de son oreille, et se remit a parler, d'une voix encore plus ensorcelante, presque érotisante, au sens d'un érotisme doux et chaud, invoquant la tentation, mais si subtil et implicite qu'il n'en était en aucun cas dérangeant, comme si un flot d'animus se déversait à chacune de ses paroles, alors qu'il n'en était rien.

Un simple humain se battant pour soi même, son interminable ambition lui permit d'égaler les dieux pour devenir une légende, mais ce pouvoir de faire bouger l'univers, tout cela ne m’intéressais gère, je marchais sans réfléchir, m'enfonçant de plus en plus dans l'inconnu, ne suivant que le destin que la lune avait tracée pour moi. Malgré que cette petite ai été plus proche de la lune que je ne pouvais envisager, car je ne pouvais et ne voulais pas a la fois l'être, elle semblait encore être le bourgeon qui précède la fleur, ne s'ouvrant au monde seulement lorsqu'on comprend le sens de la vie, ce qu'il en est, c'est l'amour qui amène la peine, la tristesse puis vint la colère et la mort...

Je ne souhaite pas te contrarier ou briser tes rêves mais celui qui se porte devant toi n'a rien d'un héros, seulement un mortel qui suit un chemin brumeux et inconnu dont on ne voit le bout. Ma vie est certes à la merci de notre astre mais ce n'est pas par envie ou par ambition que j'agis, seulement par fatalité. Je te suivrais ou tu veux si c'est la lune qui le souhaite, mais sache que les événements risquent de se montrer bien différents de comment tu peux les attendre.

Le visage de la jeune femme se trouvais assez proche de moi lorsque que je parlais, prenant mon fourreau tel une canne, je me redressa lourdement pour refermer l'ouverture de mon casque et marcha pour m'adosser a la statue du soit disant Gozen, la contemplant un instant, je regarda la fille de la lune pour partir lorsque qu'elle serait décidée de suivre ma voie ou non.