Dirjil cessa enfin de courir, pour se positionner face au bateau qu'il venait de repérer. Se réfugiant dans l'ombre d'une maison proche, il accéda à l'Instinct par un effort de concentration, et regarda autour de lui. Il devait trouver un moyen rapide de partir d'ici... Des badauds l'avaient déjà signalé à des miliciens, et ils avaient commencé à patrouiller... Etrangement, l'instinct leur donnait une auréole rouge de mauvais gout, comme s'ils cherchaient autant à canaliser une forme de fureur et à se montrer supérieur qu'ils faisaient du zèle... Peut être était ce là le secret de leur réussite... Si l'on n'a de cesse de convaincre un homme qu'il doit être le meilleur, puis qu'on lui dit qu'il l'est, alors il cherchera a le rester... Quitte à faire n'importe quoi, tant qu'il saurait montrer son pouvoir et sa force... Avec un rictus haineux, Dirjil commença à porter ses mains à ses fourreaux, et dégaina en un instant minime, faisant tourner une unique fois ses couteaux dans ses mains, pour les tenir à l'envers, afin que leur lame soit à l'extérieur de ses mains, mais il se calma bien vite. Lorsqu'il aurait sauvé Gabriel, il serait encore temps de punir les orgueilleux...
Reportant son attention sur le bateau, il se concentra de nouveau sur la femme à bord du bateau. Etrangement... Son aura était extrêmement fine... Elle ne semblait pas... parfaite. Des reflets rouges couvraient chaque parcelle de son être, mais Dirjil n'avait jamais vu une aura ressemblant à cela... Soit elles étaient flamboyantes, comme celle des gardes, soit plus ténues, comme celle des gens du commun, mais... Celle ci semblait plus... liquide ? Sans parvenir à mettre de mot sur cette sensation, l'Ombre chercha un plan d'approche... Après avoir rangé ses lames, il passa ses mains dans une poche, puis les mit dans son dos, et commença à forcer la porte, sans même la regarder. Il ne se permit qu'un sourire lorsque cette dernière s'ouvrit, et s'engouffra immédiatement à l'intérieur de la maison. Bousculant au passage un homme qui semblait être le maitre de maison, il n'y fit même pas attention, pas plus qu'il n'eut de réaction lorsque ce dernier tenta de le frapper. Il se contenta d'esquiver avant de monter à l'étage. L'homme le suivit, apparemment pas décidé à appeler la milice, et, arrivé en haut de l'escalier, Dirjil se contenta de se retourner et d'assener un coup de talon dans le plexus solaire du maitre de maison, qui s'effondra, assommé.
Un hurlement de femme s'éleva alors, mais l'Assassin ne paniqua pas. Se contentant une fois encore de grimper sur les toits, il commença à courir, sauta sur la maison voisine, continua ainsi, poursuivi au sol par une horde de miliciens, puis partit dans la direction opposée au dock, vers le cœur de la ville. Après avoir traversé seulement quelques rues en bondissant de toit en toit, il redescendit dans une ruelle, où il se dissimula dans les ombres quelques instants, laissant la nuée passer autour de lui, avant de repartir vers le port, tranquille. Arrivé à destination, il n'eut plus qu'à plonger dans l'eau discrètement pour ressortir derrière le bateau, grimper sur son flanc, et arriver derrière la jeune femme. Dans l'ombre du mat, bien que cela ne lui serve à rien, et surement pas à se dissimuler, il plaqua ses cheveux mouillés en arrière pour qu'ils ne gênent pas sa vision, et se mit à parler de sa voix implacable mais si fragile...
"Vous êtes la propriétaire de ce navire ?"